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 Selection d’extraits :

Des particules d’amour actives: dispersion, éparpillement, constellation

Publié à la suite de Como Decir Nosotrxs

“L’indifférence des choses n’est peut-être que la face tournée vers nous d’une tendresse qui ne peut nous atteindre.”

Roger Munier, le su et l’insu, 2005

Prologue en forme de visions

Depuis plusieurs mois, j’apprends à apprivoiser le suicide de Véronica, ami.e artiste, guérisseuse, Cree et deux-esprits.

Le deuil est un.e amour qui a perdu sa correspondance et qui flâne lentement, à l’écoute.

Dans notre jardin, un wigwam issue de notre collaboration, allait prendre la forme d’une cage thoracique de baleine, précieuse antre rassembleuse de rituels et de soins.

En demandant ce que Véronica nous avait laissé, des particules d’amour actives sont apparues.

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Que sont nos signaux somatiques devenus ?

publié dans le délinéaire du labnt2 en octobre 2013

« Your injured body has become the burden of your digital soul.»
 Yin Aiwen, 2013, The Massage is the medium

─Séance de Feldenkrais [1]

Intégration Fonctionnelle

Plongée intérieure
dans un corps
comme système
Réaliser qu’il est
immensément complexe
et que les mécanisme et circulations
qui s’y trament
y sont très largement inconnus et ignorés.

Nous étions partis dans l’esprit comme habitat ultime
Depuis quand avons-nous commencé à déserter nos corps
les vouloir obsolètes?

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L’espace et ses technologies comme biens communs

publié en novembre 2014 par Ritimo

J’écris ce texte en écoutant la Symphonie des planètes composée en 1992 à partir des captations des sondes Voyager I et II. On y entend des champs électromagnétiques et des ondes radio qui circulent entre les planètes, leur atmosphère, leurs anneaux, leurs lunes et les vents solaires. Ces témoignages sonores sont issus d’un voyage de milliards de kilomètres au-delà de la planète Terre.

Cette écoute me plonge dans l’espace hertzien : l’univers des ondes qui circulent entre nous, humains et non humains, objets électromagnétiques et masses planétaires. L’espace hertzien permet de penser ces relations dans une vision élargie, qui englobe la planète Terre et sa stratosphère, ses machines et ses habitant.e.s dans un même espace de vie et de communication.

De la même manière dont les sociétés occidentales ont décidé que la Terre leur appartenait plutôt qu’elles appartenaient à la Terre, l’exploration de l’espace a souvent été liée à des cultures de conquête, d’appropriation et de commercialisation. Mais des approches collectivistes, solidaires et communautaires semblent refaire surface. Certaines n’ont tout simplement jamais disparu, d’autres se réinventent, mêlant tradition, utopie, création artistique et innovations techniques qui renouent avec une vision de l’espace comme bien commun. Je présente ci-dessous différentes initiatives et différents projets de technologies spatiales antihégémoniques, artisanaux, et Open Source, qui contribuent à penser le rapport à l’espace et aux technologies spatiales comme des bien communs.

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Les hackerspaces comme politisation d’espaces de production technique. Une perspective critique et féministe

publié par Ritimo novembre 2014

Les « hackerspaces » sont des lieux de rencontre et d’expérimentation collective qui rassemblent des personnes qui partagent un intérêt commun, notamment pour l’informatique, la technologie, les sciences et le bidouillage. Certains y voient des lieux de contre-culture technique, proposant une vision autogestionnaire et anticapitaliste des connaissances techniques et scientifiques, inspirés de la culture du logiciel libre, du matériel libre et des médias alternatifs. D’autres y voient des laboratoires communautaires ouverts où des gens peuvent partager ressources et savoirs, préférant le terme de medialab ou fablab au terme plus politique de hackerspace.

Dans l’Éthique hacker et l’esprit de l’ère de l’information [1], le philosophe Pekka Himanen a défini une culture du rapport au travail et au temps qui semble s’opposer point pour point à l’Éthique Protestante et l’esprit du capitalisme écrit un siècle plus tôt par Max Weber. En marge d’une logique productiviste, l’éthique hacker renvoie, selon Himanen, à « une posture passionnée vis-à-vis des connaissances techniques (la hack attitude) plus que l’accomplissement d’une activité particulière (la programmation). L’Éthique hacker s’apparenterait notamment à la philosophie du libre dans sa remise en question du schéma de l’économie capitaliste. Ainsi, les hackers laisseraient librement leurs productions à la disposition des autres pour qu’ils les utilisent, les testent et les développent.

Plusieurs analystes contemporains des hackerspaces dont Christophe André [2] et Yannick Rumpala [3] ont dressé des parallèles entre ces lieux et le concept de « convivialité » tel que décrit par Ivan Illich [4]. Par convivialité, Illich qualifie à la fois des outils dont la fonction est déterminée par celui qui les manie, ainsi qu’un type de société post-industrielle caractérisée par des ateliers autogérés et interdépendants. Illich définit trois conditions pour qu’un outil ou un espace soit considéré comme convivial :

  • il ne doit pas dégrader l’autonomie personnelle en se rendant indispensable ;
  • il ne suscite ni esclave, ni maître ;
  • il élargit le rayon d’action personnelle.

Depuis le début du millénaire, le mouvement hacker semble avoir pris de l’ampleur, avec une identification croissante à cette posture technique, mais aussi avec la création de nombreux espaces de travail et de rassemblement. À bien des égards, l’éthique hacker et la mise en place de hackerspaces constituent des mises en commun de savoir-faire techniques visant à l’émancipation, la collectivisation et la résistance à la privatisation et à la fermeture des technologies.

Mais à quelles conditions peut-on penser les hackerspaces comme des lieux de production de savoirs et d’outils matériels et techniques relevant d’une philosophie du bien commun ?

Après une présentation générale de ces espaces, nous allons procéder à l’analyse de trois d’entre eux, au regard des conditions identifiées par Elinor Ostrom [5] pour définir un commun et des postures anticapitalistes et féministes exposées par Sylvia Federici [6].

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La négociation des contributions aux wikis publics : un apprentissage de gestion des communs ? Ritimo novembre 2014

Les wikis sont des sites web éditables par leurs utilisatrices et utilisateurs. Ils permettent la construction collaborative d’un corpus de connaissances organisées par des liens hypertextes et gérés collectivement. Le plus connu des wikis est sans doute l’encyclopédie libre Wikipédia, mais de nombreux autres wikis existent, comme les sites web publics, ou encore les plates-formes collaboratives internes à des organisations. Le concept de wiki a été inventé en 1995 par Ward Cunningham, peu de temps après l’apparition du World Wide Web (rappelons que le World Wide Web (WWW) est une couche de l’Internet qui offre aux utilisatrices et utilisateurs une navigation largement hypertextuelle. Des navigateurs permettent ainsi de parcourir cet espace informationnel sans avoir recours aux répertoires et portails d’informations, ce qui était la norme avant l’arrivée du Web). Il s’agissait de palier à une attente non remplie par l’arrivée du Web : permettre aux utilisateurs de rajouter eux-mêmes des liens entre les sites. Le mot wiki signifie « vite » ou « informel » en hawaïen. Les wikis permettent également de rendre l’édition plus rapide, et plus simple . Dans les années 1990, il fallait passer par un serveur FTP et bien souvent par un webmestre pour mettre le contenu d’un site web à jour. Depuis les années 2000, plusieurs logiciels permettent de construire des sites web permettant une édition directe en ligne, comme par exemple les blogues ou les systèmes de gestion de contenu. Les wikis se distinguent aujourd’hui par la dimension collective de la gestion des contenus mis en ligne. Un des défis est d’ailleurs la gestion de la rapidité de cette édition collective qui remet souvent en question la légitimité des wikis car il est facile d’en changer rapidement le contenu. Or, si le mécanisme technique autorise en effet la rapidité, ce sont des mécanismes sociaux qui prennent le relais pour gérer cette rapidité. Ainsi, dans les wikis les plus matures, les contributeurs et contributrices se dotent de règles de participation et discutent de la légitimité des contenus en cas de litige. La négociation des contributions dans les wikis publics devient alors le lieu d’apprentissage de la gestion d’un commun numérique : celle de la validité des connaissances publiques.

Dans cet article, nous allons décrire les modalités générales de création de connaissances sur un wiki. Nous allons ensuite présenter un exemple de négociation d’une page wiki, sur le portail québécois de Wikipédia. Cette négociation illustre bien les modalités de gouvernance d’un bien commun numérique, en l’occurrence une page wiki publique.

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Hacking With Care : Attention, bien-être et politique de l’ordinaire dans le milieu hacktiviste

Publié par la revue dpi pour son numéro 27, Hacktivisme

Suivi de cette recherche sur  hackingwithcare.in

Keywords: HACKING, HACKTIVISM, FEMINISM, SEXISM, CARE, EMPOWERMENT, SELF-CARE, MUTUAL AID, POSTURE, GESTURE, STILLNESS

P1130503-2

Hackers prone freedom towards tools, technologies and knowledge. They are often presented under the light of their ethics, philosophy and first line politics. Transparency, sharing, free access, decentralisation and world improvement are their most commonly shared values. They are also known for their harmonized, humoristic, playful and creative relations to work and time management. Engaging these freedoms to serve social activism, hacktivists get involved in contemporary social movement by supporting critical action and denouncing censure, surveillance, violence and torture. Along with DIY activists, hacktivists also prone a freeier and empowered relation to technical, social or biological context. Comiting themself beyond punctual actions, those radical hackers form communities and nourish strong social links as they collaborate across the world and in local .

At the same time, hackers and hacktivist’s relation to self care, body needs and mutual aid is appearing more clearly as problematic, not only after denunciation of violence or expression of (notably gendered) exclusion, but also in the form of depression and suicide. I suggest to look at those questions from two perspectives  : the relation hackers developpe to their body and its deal with stillness at work and the way they collectivize relation to care.If intense political repression is part of the issue, some hackers acknowledge that this lack of self care or collective mutual aid is fundamentally linked with some of the culture pattern. Demonstrative doocratic working environment often imply stress full exhausting situations where there is little space to share pain, weakness or distress. Disembodiment of online activities have often been valued as indifference to physical specificities, or if the possibility to hack one self body is exposed as the main proof of freedom, hacking with passion bring hackers to stay hours without moving, sleeping, without fresh air, healthy food, exercises: ie indifference to body needs, forced stillness and painful postures.

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 Poemes (sélection)


Interstices et intermèdes
….

bribes
parcelles
intermèdes
voyages
interstices
projections
ramifications
improvisations mouvementées
et autres petits vices libertaires,
tendres,
errants,
voltés,
et anti-travaillistes

——–

Officiellement,
je devrais être appliquée à creuser un sillon dans une grande direction.

Officieusement,
c’est dans les ramifications des devoirs
que je bouillonne, m’agite, me disperse et me ré-articule.

Ces offices là ne sont pas larges.

Le plus souvent,
des interstices, des intermèdes,
exiguës, pleines de toiles, de rayures
et de membranes feutrées.

En soufflant dessus,
il parait que ça prend du ventre et du mouvement.

Alors d’accord,
les respirations tenues au secret,
je vais leur souffler dessus,
et inspirer vos souffles aussi,
sisters

….

Terres

TERRES
TERRES MOUILLÉES
TERRE-TAMBOUR
AU BOURG DE PIERRES

Terres à terres
Terre sienne
Tendre humide
Tiennes miennes
Terres dressées et renversées
Aux creux fauves
Des gemmes secrets

Faune murmure
En eaux terreuses
Souche ruisselle
De rires terrés
Brusque et lent l’humus s’ambrait
Vers une terre de feu à épandre

Et sur ces territoires découverts
La mesure du plaisir perlait
À la source de nos lèvres ourlées
Mains

Vos deux mains
sous les plis du rebord
qui m’intriguent, m’indisposent, m’interpellent,
de maintes et maintes fois,
et manières,
et encore.

Muscade au secret

Étaler encore, un peu, sur des tartines grillées, de ces matins tardifs,
avec aux creux des langues, la muscade au secret, du café quintéssent et des bouchées de lèvres.

Il m’en reste quelques grains;
quoi qu’en dira la suite,
de nos passages à deux,
je fais le plein d’exquis,
et me réjouis du goût.

J’ai au centre de la tête, un jeune mal fraternel, des poèmes en buée, et de tous petits bleus qui s’ouvrent comme de grands yeux,
avides.

Et du fond des pupilles
un élan de tendresse
pour la ville
et pour certains
de ses frêles habitants

Il me semble cher être, que vous avez, au tréfonds, et malgré votre deuil,
un don pour la beauté des choses.
Ou bien est-ce un élan ?

Aux détours du sérieux,
aux interstices du laid,
dans un recoin de veille, que vous gardez précieux,
inventez et placez,
des bribes de merveilleux
des caresses qui musardent
des écoutes attentives
et du chaud en flacon

Goulue,
moi,
je savoure,
ces grandes lampées de vie
et les épices du jour.

Et cette joie d’être libre me fait aimer la mienne.
Et la notre.

Que les autres enchaînent.

Samota

Ce qui s’écrit ici
est le fruit d’une âme saoule
qui a vu le soleil
ordonner des sourires
et fissurer la crampe
d’une mâchoire fatiguée
et suinter du souvenir
qui goutte sale et salé.

Un méandre retient
à deux rides le reflet
d’une ancienne place forte
bardée de complicité.

Il goutte la mémoire,
de l’esprit et du corps
avec qui j’ai pu faire
autant, si, tellement,
un.

Exact.
Je croyais.
Et maintenant,
j’avale.

Et je fouille dans la bourbe, la poussière, les gravas.
dans les étoiles aussi parfois.
et des montagnes d’à peu près et de pourquoi pas.

J’ai découvert des corps,
des cerveaux et des mains.
Des regards d’amis, et d’autres de profondeurs.
Des bribes, des fragments, des rochers isolés tournés de filaments.
De la poésie, du fort, du souffle à plein poumons,
Du rêve, des cris de rage, un petit peu de joie,
des coudes dans les côtes,
des bleus sur les tibias.
Des transes, en trash, en tignasse, en particules et spiritueux.
Une respiration parfois.
Une danse sur des contretemps.

Mais plus rien n’est exact.

L’absurde m’a tellement insufflé
l’envie de disparaître,
qu’aujourd’hui,
je félicite
les sourires qui s’accrochent à mes dents.
et je goûte à pleine bouche les soleils des parcelles.

Mais j’ai beau les aimer
je les vois toutes bordées
de gouffres de silence
aux non-sens hérissés
de risques de confiance.

Parfois c’est beau.

J’ai repris l’escalade
et j’apprivoise le vide,
et mon corps m’écoute,
les surplombs me retiennent,
bizarrement,
et enfin.

Mais tout autour encore
tourbillonnent au vertige,
des démunitions,
des trop pleins qui fissurent
des néants qui implosent,
et de l’absurde,
tellement.
.. . .. . …..::::|/|::::…… .. . ..

Tu attendais l’entre-ouvre
Mais la poignée,
et le socle
et tout le chambranle.

Il n’y a plus de porte,
juste les restes d’un mur.
tout effondré, toute une largeur,
qui a su fait frontière,
un abri peut-être,
jusqu’au silence du minimum vivable.

Quoiqu’il arrive,
quoiqu’on se dise,
nous voilà sur d’autres rives,
loin.

J’avais vécu pourtant
la plus profonde rencontres
au plus clair de mon sang.
aimé de tout mon être
l’alter ego

Douche

J’ai du juste mal voir,
mal sentir,
inventer
le goût de la proximité.

Maintenant comme si
fallait excuser,
un bris de permission

Regarder encore
l’étendue vide du vieil absurde,

– Qui s’appellerait fatalité.

Qu’est ce que peut bien rassurer ?

– On ferait mieux et au fond,
de s’y fier,
s’y confier,
s’y confiner.

Peut-être est-ce autre chose,
dont tu es fier
et moi ignare
ou rechignant à accepter.

L’entre-ouvre à
laisser filer ces bribes..
Je ne sais pas bien sur quoi
elles vont aller s’accrocher,
ricocher
s’écraser.

C’est un taton,
ou un tison,
qui trifouille encore, un tréfonds
Pour retrouver ce qui peut l’être,
saluer au possible le sens de

Et peut-être comprendre,
Et peut-être suturer.

Tu t’en foutras
ou t’en fuiras,
t’en déferras.

alors tant pis.
alors je trinque :
au rien
au plus rien,
au plus tard,
au plus enfouis,
au calme des sereins
au départ des grands cygnes,
au
a

Delhi avant l’aube

Brouillards noyés
zombies drapés
à vélo, à pied, perdus, échoués
endormis, attelés à une tâche incroyable,
labeur d’un autre monde
qu’on ose espérer Brouillards noyés
zombies drapés
à vélo, à pied, perdus, échoués
endormis, attelés à une tâche incroyable,
labeur d’un autre monde
qu’on ose espérer exceptionnelle.

Sombres brumes engloutissant
des transhumances transies de silhouettes exténuées,
cortèges de fin de fête
caravane cliquetantes d’hommes-orchestres ruinés

Un éléphant, vieux pachyderme
cadence sa masse apprivoisée.
Delhi sous surveillance

La pourriture surveille le frigo
la poussière poursuit son invasion
des colonies de fourmis campées
dans les fissures des murs
les blattes grasses et luisantes
font dans l’obscurité
une ronde attentive :

Calculs patients
et secrets rassemblements
dans l’attente du laisser-aller.